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Lights in the Dark 🔥

« La rencontre vraie, clef de la mission » – tribune dans Mission

 

Le pape François, au sujet d’Internet, avait publié un message intitulé « La communication au service d’une authentique culture de la rencontre ».  Il nous donnait alors l’objectif de toute mission en ligne : « que la connexion s’accompagne d’une rencontre vraie ». Extrait de ce texte prophétique quelque peu oublié, puis analyse de Jean-Baptiste Maillard, adepte de la rencontre pour évangéliser, dans la vaste jungle du monde numérique dans lequel il crapahute depuis des années, comme en mission de rue ou dans le TGV.


Comment la communication peut-elle être au service d’une authentique culture de la rencontre ? Et pour nous, les disciples du Seigneur, que signifie rencontrer une personne selon l’Évangile ? Comment est-il possible, malgré toutes nos limites et nos péchés, d’être vraiment proches les uns des autres ? Ces questions se résument à celle qu’un jour, un scribe c’est-à-dire un communicateur, posa à Jésus : « Et qui est mon prochain ? » (Lc 10, 29). (…) Comment se manifeste la « proximité » [dans le monde numérique] ? Je trouve une réponse dans la parabole du bon Samaritain, qui est aussi une parabole du communicateur. Celui qui communique, en effet, se fait proche. Et le bon Samaritain non seulement se fait proche, mais il prend en charge cet homme qu’il voit à moitié mort sur le bord de la route. Jésus renverse la perspective : il ne s’agit pas de reconnaître l’autre comme mon semblable, mais de ma capacité de me faire semblable à l’autre. Communiquer signifie alors prendre conscience d’être humains, enfants de Dieu. J’aime définir ce pouvoir de la communication comme « proximité ».

En [cet homme au bord du chemin], le lévite et le prêtre ne considèrent pas leur prochain, mais un étranger dont il valait mieux se tenir à distance. À ce moment, ce qui les conditionnait, c’étaient les règles de pureté rituelle. Aujourd’hui, nous courons le risque que certains médias nous conditionnent au point de nous faire ignorer notre véritable prochain.

Il ne suffit pas de passer le long des « routes » numériques, c’est-à-dire simplement d’être connecté : il est nécessaire que la connexion s’accompagne d’une rencontre vraie. Nous ne pouvons pas vivre seuls, renfermés sur nous-mêmes. Nous avons besoin d’aimer et d’être aimés. (…) Ce ne sont pas les stratégies de communication qui en garantissent la beauté, la bonté et la vérité. (…) Le réseau numérique peut être un lieu plein d’humanité, pas seulement un réseau de fils, mais de personnes humaines. La neutralité des médias n’est qu’apparente : seul celui qui communique en se mettant soi-même en jeu peut représenter un point de référence. L’implication personnelle est la racine même de la fiabilité d’un communicateur. Pour cette raison, le témoignage chrétien, grâce au réseau, peut atteindre les périphéries existentielles.

Je le répète souvent : entre une Église accidentée qui sort dans la rue, et une Église malade d’autoréférentialité, je n’ai pas de doutes : je préfère la première. Et les routes sont celles du monde où les gens vivent, où l’on peut les rejoindre effectivement et affectivement. Parmi ces routes, il y a aussi les routes numériques, bondées d’humanité, souvent blessée : hommes et femmes qui cherchent un salut ou une espérance. Aussi grâce au réseau, le message chrétien peut voyager « jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8).


 

Evangéliser, c’est aimer vraiment : lorsque nous évangélisons, pensons-nous à rejoindre véritablement l’Autre dans ce qu’il vit ? Dois-je me communiquer moi-même pour montrer mon appartenance à un groupe catho, ou bien me faire proche de celui qui est laissé au bord du chemin, comme dans la parole du Bon Samaritain, et qui, par sa souffrance, est un petit tabernacle vivant ? Dans la mission de notre association Lights in the Dark, lorsque des bénévoles discutent en direct par chat’ avec des addicts au porno sur Sosporno.net, ou des personnes qui ont perdu un proche via Lavieapreslamort.com, c’est cette humanité blessée que nous rejoignons, et qui nous demande un cœur de compassion toujours plus grand. Au milieu de la jungle du monde numérique, il y a un chemin à dégager, quitte à tailler humblement les lianes à la machette, pour porter secours à toutes ces personnes laissées de côté par des accidents de la vie. Si nous allons à la rencontre de l’autre, cette route peut devenir une autoroute qu’emprunteront, loin du buzz médiatique, tous ceux qui cherchent et désirent « recevoir l’eau de la Vie, gratuitement » (Ap 22,17).

Le pape nous dit aussi préférer une Eglise « accidentée, qui sort dans la rue », que cette rue soit dans notre ville ou bien numérique. Sur Internet, il est particulièrement nécessaire, insiste-t-il, que la relation à distance aboutisse à une rencontre vraie, sous-entendu, dans le monde physique. Ceux que nous rencontrons découvrent alors vraiment le témoignage chrétien que nous portons, et Celui à qui nous le devons : Jésus-Christ. Et c’est ainsi que nous constatons des guérisons (souvent avec l’aide de Carlo Acutis (1)), des conversions, des retours à l’Eglise, des demandes de baptême.

Aucune stratégie ne peut remplacer cet amour inconditionnel donné au nom de Jésus, de personne à personne. Comme dans la rue, une conversation par chat’ n’a rien de virtuel : c’est bien réel, malgré l’écran interposé. Quelle que soit sa forme, cette rencontre, toujours provoquée par l’Esprit Saint, est un risque à prendre. Elle nous fait quitter notre petit confort. Elle nous oblige à partager l’expérience de notre rencontre personnelle avec Jésus. Bref, à annoncer dans la joie l’amour de Dieu pour tout homme, incarné en son divin Fils.

Pour aller plus loin :

(1) Voir miraclesdeCarlo.com

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